Le Perroquet
La forêt équatoriale est un poumon vert de la planète qui doit être préservé, pour le bien commun de l'humanité.
Le Gabon contribue indiscutablement à l'effort mondial en matière d'environnement et de lutte contre le réchauffement climatique. Son territoire est recouvert à 88 % par la forêt équatoriale, deuxième puits de carbone de la planète.
Les autorités gabonaises mettent en œuvre de nombreuses politiques visant à préserver la forêt, l'océan et la biodiversité. Afin de protéger tout en valorisant ce patrimoine, le gouvernement a consacré 11% de son territoire à la création de 13 parcs nationaux.
L'intégration de l'objectif d'égalité femme-homme dans cet agenda politique environnemental est un impératif qui ne doit pas être négligé.
De
nombreuses initiatives de la société civile gabonaise se sont déjà
emparées du sujet de la valorisation de l'action des femmes afin de
préserver l'environnement (Brainforest, Gabon écologie, Réseau gabonais
pour le développement durable).
Aucune des initiatives existantes sur le terrain ne se focalise sur le levier culturel que constituent les savoirs traditionnels immatériels des femmes gabonaises.
La culture immatérielle est très peu valorisée et ne fait pas l'objet d'actions particulières dans le cadre des politiques de co-développement.
Le Perroquet vise à manifester le savoir immatériel des femmes afin de faire de leur interaction avec la forêt une source de richesse à préserver.
Par le biais de l'art, le but est de traduire l'héritage ancestral de la relation femme-environnement, afin de contribuer à la préservation de la forêt équatoriale et à l'émancipation des femmes.
A cette fin, le 1er chantier du Perroquet porte sur la préservation de la biodiversité de la
forêt par la mise en place de 2 projets en faveur
de la préservation et de la valorisation durable de la cosmétopée :
- 1 projet artistique : réalisation participative d'un herbier poétique de la cosmétopée du Gabon
- 1 projet économique : exploitation équitable et coopérative de la cosmétopée du Gabon
Si vous souhaitez avoir plus de renseignements ou contribuer au projet Perroquet, remplir le formulaire ci-dessous:
« Tant que la contribution des femmes à la gestion de l'environnement ne sera pas reconnue et encouragée, l'objectif du développement durable continuera de se dérober ».
4ème Conférence Mondiale sur les Femmes
Le Perroquet est une ONG qui vise la protection de la forêt du Bassin du Congo par la revalorisation de la tradition culturelle des femmes.
Il fait des femmes de la Terre les gardiennes de la forêt en matérialisant leurs savoirs ancestraux afin qu'ils deviennent des leviers de croissance.
Le savoir traditionnel des femmes gabonaises est profitable à la forêt équatoriale.
Ancestralement, dans les villages, les femmes gabonaises sont responsables de la production, la transformation et la commercialisation agricole et forestière. Leur contribution à la production vivrière est aujourd'hui estimée à plus de 60%. Les femmes détiennent des connaissances, innovations et pratiques/techniques traditionnelles (CIPT) de conservation des semences.
Leur expertise de la biodiversité recouvre les variétés sauvages aussi bien que les espèces domestiquées. Elles connaissent la valeur et l'utilisation des plantes au service de l'alimentation, la santé, l'économie et contribuent également à la conservation des ressources phyto-génétiques.
Toutefois, en milieu rural, cette activité peut dégrader l'environnement. Pour subvenir aux besoins de leurs familles, les femmes font de l'agriculture itinérante sur abattis-brûlis depuis les temps les plus anciens. Elles utilisent des combustibles, des engrais et pesticides, leurs maris abattent des arbres fruitiers pour la cueillette des produits forestiers non-ligneux. Ces pratiques, plus modernes, contribuent à la déforestation qui touche presque la moitié des provinces du pays.
Ces effets nocifs sur la forêt et la vie des personnes ne saurait faire des femmes gabonaises des coupables. Ils découlent de leurs obligations productives et reproductives en matière de médecine traditionnelle, de culture vivrière, de collecte de produits forestiers, de bois et d'eau pour la nourriture, la boisson ou l'hygiène.
Les
femmes sont les modèles des générations futures. La situation
démographique du Gabon paraît idéale pour une croissance durable
reposant sur leur rôle de gardiennes de la forêt équatoriale.
Élevée dans le respect de la Matriarche, emblème du pays, la jeunesse gabonaise et de fait la plus grande partie de la population, sera impactée par le projet Perroquet.
Dans le cadre du 1er chantier du Perroquet relatif à la cosmétopée, l'objectif du Perroquet est de mettre en place une coopérative de production et de commercialisation qui assure une formation et un emploi aux femmes gabonaises.
Le Perroquet a été lancé en mars 2023 à l'occasion du sommet One Forest Summit au Gabon.
Malvina BARRA alias Edzin assure la direction artistique du Perroquet. Elle est née en 1997 en France et élevée au Gabon. Témoin d'inégalités, de racisme et de dommages environnementaux, elle s'est consacrée à l'art et à son rôle politique dans nos sociétés.
En raison de sa valeur sur les marchés internationaux du bois, le moabi y était l'une des 4 essences les plus coupées et exploitées en 2003.
On considère que l'espèce a fortement régressé et a disparu sur une part significative de son aire de répartition récente ou potentielle : elle est actuellement classée « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées (UICN).
Une campagne "Moabi, arbre de vie ou de profit ?" a été lancée par les Amis de la Terre en 2012. À la suite de cette campagne, certaines entreprises importatrices de bois tropicaux ont décidé de ne plus acheter de moabi pour ne pas menacer l'espèce.
Photo - Emmanuel Jules Ntap
Portrait 1 #Moabi
Le moabi, ou Baillonella toxisperma, est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Sapotaceae. Il s'agit d'un grand arbre poussant dans les forêts tropicales humides d'Afrique. C'est l'unique espèce du genre Baillonella.
C'est une espèce « multi-usages » traditionnellement utilisée par diverses populations africaines. Il est également commercialement exploité par des exportateurs de bois tropicaux.
Poussant jusqu'à 70 m de hauteur, pour un diamètre de 5 m voire plus, c'est l'un des plus grands arbres africains.Les fruits, l'huile ou le beurre végétal que les femmes produisent à partir du moabi :
L'énorme fruit du moabi (environ 20 cm de diamètre) est un régal apprécié des hommes comme des animaux. L'amande contenue dans le fruit est extrêmement toxique si consommée crue (d'où son nom d'espèce toxisperma = à fruit toxique) mais une fois pilée, bouillie et pressée, les femmes en extraient une délicieuse huile alimentaire riche en acide palmitique. De son écorce sont également extraits des remèdes médicinaux.
Avec les graines des fruits, les femmes produisent une huile proche de l'huile de karité qui peut être ou consommée ou vendue. Sa valeur non-ligneuse est non seulement reconnue par les marchés locaux mais aussi par l'industrie cosmétique qui a montré son intérêt pour cette huile.
Le moabi est un arbre particulièrement important pour les populations locales, ce qui explique qu'il est un motif de conflit avec les compagnies d'exploitation forestière.
Pour les villageois Bantous et les pygmées Baka, le moabi revêt une importance économique, culturelle et médicinale particulière.
Il imprègne les traditions en raison de l'interaction entre l'arbre et l'éléphant qui lui donne une dimension sacrée. C'est sous ses pieds qu'on enterrait les grands patriarches ou qu'on laissait les grands blessés guérir miraculeusement. Il sert de siège au tribunal des palabres.
Sa poudre est utilisée dans les rites initiatiques d'invisibilité des pygmées pour la chasse à l'éléphant. Les chasseurs bakas utilisent ainsi les grands moabis comme points de repère pour s'orienter en forêt mais également pour devenir... invisibles ! Lors d'une cérémonie traditionnelle dite « yeyi », les sorciers réduisent en poudre des fragments d'écorce de moabi et concoctent une potion de camouflage dont les chasseurs se recouvrent le corps pour devenir invisibles aux animaux.
Des enquêtes ethnobotaniques ont été conduites en 1994 et 1996 par le chercheur Jean Lagarde Betti dans le cadre du programme Ecofac mené dans la réserve du Dja au Cameroun. Près de 350 espèces végétales permettent le traitement de plus de 77 maladies ou symptômes, dont le moabi, cité pour 50 utilisations différentes.
De nombreux lieux-dits évoquent le moabi. Ainsi au Gabon, le chef-lieu du département de Douigny, au nord de la province de la Nyanga se nomme-t-il Moabi
Afin de protéger #Moabi, au Gabon, l'exploitation forestière des grumes de cette espèce "multi-usages" est interdite depuis 2009.
Des
moabis sont aussi préservés dans quelques aires protégées du Cameroun (Forêt
de Nki, Forêt de Boumba Bek et la réserve de faune du Dja). Le Cameroun a
replanté 389 hectares de moabis.
Une expérimentation juridique existe également au Cameroun depuis 1994. Le nouveau régime forestier reconnait le droit des populations locales à être associées à la gestion des forêts communautaires, et la loi impose que le contrat des compagnies forestières comprenne des conditions posées par les villageois avant que la compagnie ne commence ses activités.
Un accord, souvent conclu sous forme contractuelle, stipule que les moabis situés dans un rayon de 5 kilomètres du village ne peuvent être abattus sans l'accord du chef. Si ce dernier donne son accord, la population doit être dédommagée.